Contrat de Gestion Participative de la Nappe axe Meski-Boudnib

CONTRAT DE GESTION PARTICIPATIVE DE LA NAPPE MESKI-BOUDNIB

NOTE DE PRÉSENTATION

La Loi n° 36-15 relative à l’Eau a introduit le principe de la contractualisation entre les parties prenantes dans le but de préserver les eaux et les milieux aquatiques (articles 115 et 116 de la Loi).

A cet effet, le dispositif de Contrat de Gestion Participative (CGP) institué par cette loi accorde une place prépondérante à la participation des usagers du domaine public hydraulique dans la gestion locale de l’eau.

La gestion participative de l’eau à travers le CGP est guidée par le souci de trouver des solutions locales concertées entre les usagers de l’eau des pouvoirs publics en vue d’une gestion durable et équilibrée des ressources en eau basée sur l’engagement et le partage des rôles et des responsabilités. Il s’agit donc d’un processus qui doit aboutir à une gestion durable et équitable de l’eau qui prend en compte les différents enjeux tout en conciliant l’objectif de préservation des eaux et des milieux aquatiques avec les activités socio-économiques qui en dépendent.

Le projet de Contrat de Gestion Participative de la nappe Meski-Boudnib s’inscrit dans ce cadre et se justifie par la nécessité impérieuse de concilier la pérennité des activités agricoles et des investissements hydroagricoles dans la zone d’une part et la durabilité des eaux souterraines de la nappe Meski-Boudnib d’autre part.

La nappe de Meski-Boudenib, qui couvre deux communes Oued Naam et Chorfa Mdaghra de la Province d’Errachidia sur 20 000 km² entre le Haut Atlas au Nord et les affleurements de l’Anti-Atlas et la Hamada du Guir au Sud, connait actuellement un développement agricole sans précédent, notamment par l’extension des superficies de plantations du palmier dattier.

En effet, les nouveaux projets d’irrigation couvrent actuellement près de 9 000 ha et sont appelés à se développer progressivement, avec une cadence annuelle d’un millier d’ha additionnels, pour atteindre près de 15.000 ha en 2025. Ce développement projeté des plantations accroitra fatalement la pression sur la ressource en eau souterraine.

Pour assurer une maitrise de la demande en eau des projets en adéquation avec les ressources en eau mobilisables dans la zone, un premier projet de contrat a été élaboré par l’ Agence de Bassin Hydraulique Guir Ziz Rheris (ABHGZR) conformément à la circulaire interministérielle n° 4775 bis du 15/11/2013 fixant la méthodologie d’élaboration et de mise en œuvre des contrats de nappe pour la préservation des ressources en eau souterraines.  Ce projet a été affiné et réadapté dans le cadre du Projet de Développement de l’Irrigation et d’Adaptation de l’Agriculture Irriguée aux changements climatiques à l’aval du barrage Kaddoussa (PDIAAI-CC).

Par ailleurs, pour créer les conditions de mise en place du CGP de la nappe Meski-Boudnib, l’ABHGZR et ses partenaires ORMVATF, ANDZOA… ont d’ores et déjà pris des mesures préventives en installant et en équipant, des piézomètres en système de télémesure pour le suivi de l’évolution des niveaux d’eau dans la nappe .

Le modèle de simulation de la nappe de Meski-Boudnib élaboré par l’ABHGZR a examiné parmi plusieurs scénarios simulés, le scénario 3 dont les inputs et les résultats sont présentés dans le tableau ci-après :

Au vu des résultats de la simulation effectuée au terme du scénario 3, scénario le plus optimiste, la vigilance à observer en matière de protection et de sauvegarde de la ressource en eau et des infrastructures agricoles, est fondamentale et nécessite la mise en œuvre d’un plan d’action qui permettrait d’harmoniser les efforts de tous les intervenants au niveau régional dans la gestion de l’eau et son exploitation.

Parmi ces intervenants, l’implication des investisseurs et ayants-droits, s’avère indispensable pour une gestion durable des ressources en eau souterraines de la nappe ; notamment par l’acception et l’usage du principe du comptage et de déclaration périodique des prélèvements.

Le Plan d’Action proposé a pour objectif principal de limiter la situation préoccupante actuelle pour ne pas hypothéquer la durabilité des investissements agricoles en cours de mise en place. Des mesures qui engagent les parties concernées, pour la période de 2021-2030 sont à prendre pour réduire la pression sur les ressources en eau souterraines et préserver les infrastructures.

L’engagement donc, des partenaires dans le secteur de l’eau au niveau de la nappe Meski-Boudnib, porte sur les volets suivants :

1. Les aménagements hydrauliques pour la conservation et la restauration de la nappe de Meski-Boudnib :

• La construction du barrage Kaddoussa achevée ;
• La construction du barrage Kheng Grou pour l’irrigation et la recharge de la nappe ;
• L’aménagement des adductions pour desservir les extensions dominées par les équipements hydroagricoles et le périmètre aval traditionnel, oasien, en bordure de l’oued Guir ;
• L’entretien et la réhabilitation des aménagements hydro agricoles dans les périmètres d’irrigation traditionnelle.
• L’instauration de périmètres de sauvegarde et d’interdiction dans les zones d’alimentation des khettaras.

2. L’économie et la valorisation de l’eau :

• L’installation des compteurs au niveau de l’ensemble des points de prélèvement d’eau situés dans le périmètre du contrat de gestion participative de la nappe ;
• Le renforcement des capacités de la police de l’eau ;
• Le développement de la recherche scientifique pour l’introduction de nouvelles pratiques d’irrigation plus économes en eau et plus efficientes, adaptées au contexte régional.

3. L’amélioration de la connaissance des nappes par la modernisation et l’optimisation du réseau de suivi et de surveillance de la piézométrie et de la qualité ainsi que l’actualisation périodique du modèle mathématique de la nappe ;
4. Le renforcement de la sensibilisation et de la communication entre les différents intervenants pour une gestion durable des ressources en eau.

Le présent projet de CGP a pour objet de fixer les conditions et modalités de mise en œuvre d’une gestion participative, notamment la mise en œuvre du plan d’action convenu et le suivi de la matrice des indicateurs de performance dans un cadre contractuel avec l’implication effective des usagers en vue d’assurer l’utilisation durable et la préservation de l’équilibre de la nappe Meski-Boudnib.

Ce projet de CGP a fait l’objet d’une large concertation au niveau de la Région notamment à travers le comité régional du projet de Développement de l’Irrigation et d’Adaptation de l’Agriculture Irriguée aux changements climatiques à l’aval du barrage Kaddoussa (PDIAAI-CC) avec l’appui de l’Agence Française de Développement et du le Fonds Vert pour le Climat. Ce projet de contrat fait d’ailleurs partie des engagements pris par notre pays vis-à-vis de ces deux organismes.